TopoGuide - Côte d'Emeraude

H I S T O I R E S ur les chemins du M ont -​S aint -​M ichel S ur le GR ® du Tour de Bretagne, après la traversée de la forêt de

pour guider les pèlerins et soutenir leur foi par des occasions de prières renouvelées.

Villecartier, on arrive à l’entrée d’un profond chemin creux descendant sur Vieux-​Viel. Là, par une trouée dans la haie, apparaît soudain au milieu d’une immense étendue nuancée de gris et de vert la sombre silhouette du Mont. Enfin la récompense, après tant d’efforts ! Depuis treize siècles, le Mont-S​aint-​ Michel est l’un des plus grands sanc tuaires de la chrétienté. Le pèlerin appartient à la galerie des personnages du Moyen Âge, à côté du chevalier ou du serf. Enveloppé dans sa grande cape – la pèlerine – coiffé d’un chapeau rond à larges bords, tenant à la main un bâton – le bourdon –, portant besace et chapelet, son image est partout : livres d’histoire, vitraux… Quelles puissantes raisons pouvaient ainsi jeter tant de monde sur les mau vaises routes de l’époque, au milieu de tant de dangers ? La motivation pre mière était religieuse. « Laisse tout et suis-​moi » dit la Bible. Il fallait aller, voir et toucher les reliques d’un saint pour obtenir quelques bienfaits ou accomplir une pénitence. Dans le cas du Mont-S​aint-​Michel, ces reliques étaient fort modestes : un fragment de manteau et un morceau du marbre d’un autel. Saint Michel, vainqueur du dragon, apparut à Aubert, évêque d’Avranches, en 708, et lui demanda de fonder une abbaye sur le Mont Tombe, au milieu de la baie. Aubert fit chercher des reliques de l’archange en Italie. L’abbaye fut construite, l’accueil orga nisé, et les voyageurs d’affluer par ces chemins montais ou « chemins du para dis ». Des hospices furent construits le long des routes menant au Mont ; des croix, dites montoises, furent érigées

Mouette rieuse © P.R.

En dehors de la motivation religieuse – la plus avouable ! –, les occasions de voyager étaient nombreuses au Moyen Âge. Les pauvres ne possédant rien – ni terre ni maison –, la perspective d’une vie de misère n’avait rien pour les retenir. Gîte et couvert étaient gra tuits dans les hospices. On comprend que même des pastoureaux – parfois en grand nombre – abandonnent leurs troupeaux pour se jeter sur les chemins. D’autres étaient simplement pous sés par la vaine curiosité, le désir de découvrir le monde, ce qu’on appelle aujourd’hui le tourisme ! Ajoutez à cela colporteurs, vagabonds, gens d’armes en marche, chevaliers errants… pour avoir une idée de la circulation sur les routes médiévales. Quels étaient ces moyens de commu nication ? Sans doute très proches des chemins de terre suivis par les randon neurs d’aujourd’hui, certains beau coup plus larges, mais au moins aussi boueux du fait du passage de chevaux et de chariots. Ces routes allaient d’un

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