Actes des Assises de la marche en ville - Marseille sept 2021

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INTERDIRE ENFIN LE TRANSIT DANS LES QUARTIERS Frederic HERAN, économiste des transports et urbaniste à l’Université de Lille

Le transit – le fait de traverser un lieu en voiture sans s’y arrêter – encombre les rues de nombreux quartiers. Il s’est particulièrement développé ces dernières années avec les applications qui aident les automobilistes à trouver des « itinéraires malins » pour contourner les artères les plus encombrées. Il en résulte d’importantes nuisances et un danger permanent pour les piétons et les cyclistes les plus fragiles : enfants, seniors, personnes à mobilité réduite. L’idée de préserver les quartiers du transit est née dès l’essor du trafic automobile. En 1929, l’urbaniste et sociologue newyorkais, Clarence Perry, propose de créer des « unités de voisinage » parcourues par un lacis de rues étroites compliquant le transit. En 1942, le responsable de la gestion du trafic de Londres, Alker Tripp, imagine d’isoler les quartiers du trafic par un jeu d’impasses et de sens uniques. Le principe est repris en 1963 par l’urbaniste anglais Colin Buchanan et son concept de « zones d’environnement ».

Mais l’idée a mis beaucoup de temps à se concrétiser, car, dans ces années-là, la voiture est vue comme un progrès, un instrument de liberté. Si les piétons sont en danger, c’est de leur faute, estime-t-on, ils sont indisciplinés et n’ont qu’à faire attention. Dès les années 1910 aux États-Unis, le lobby auto invente la figure du jaywalker, ce « piéton plouc » qui traverse n’importe comment. Il le mette en scène dans des campagnes de communication qui fustigent son comportement irresponsable.

PREMIÈRES ASSISES DE LA MARCHE EN VILLE Marseille, 17 setembre 2021 - Actes de la journée

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