Actes des rencontres de la marche en ville 2023
En termes de diminution de l’éclairage public, un autre programme de recherche mené par la chaire Noz Num montre que ce sentiment d’insécurité semble être moins lié à l’intensité du flux lumineux qu’aux rapports genrés de l’espace public la nuit, analyse qui découle des entretiens qualitatifs 9 réalisés avec des femmes qui pratiquent la marche en ville de manière utilitaire. Les femmes interrogées corroborent l’idée qu’être habituée à marcher en ville la nuit fait partie de la connaissance du territoire, d’une expérience maîtrisée. En ce sens, elles ont développé une connaissance du fonctionnement de la ville la nuit. Plusieurs d’entre elles reconnaissent aussi l’intérêt d’éteindre l’éclairage public la nuit mais « pas partout ». Ces premiers résultats confirment que les habitants et usagers de ces espaces approuvent ou voient l’intérêt de diminuer l’intensité de la lumière artificielle afin de réduire son impact négatif sur la biodiversité. Au-delà des représentations sociales liées à la nuit, les politiques et les actions autour de la marche en ville doivent la prendre en compte dans sa globalité afin de proposer des alternatives et des solutions non seulement en termes d’éclairage mais aussi en termes d’aménagement urbain et de co-conception avec les habitants et les acteurs en présence au sein de chaque territoire.
Bénédicte de Kersabiec & Nathalie Le Roux, issue de l’exposition Traverser la nuit, Brest du 13 au 17 mars 2023.
7 Ce travail d’enquête a été réalisé en novembre 2022 par des étudiants en L3 du département de sociologie de l’UBO encadrés par Alice Grasset et Pierre-Guillaume Prigent. 417 questionnaires ont été renseignés au total et seules 78 % des personnes interrogées ont déclaré résider dans la rue ou le quartier concerné par l’extinction de l’éclairage public. Sur les 325 questionnaires exploitables, 191 personnes (59 %) se perçoivent comme femmes (190), androgynes (1) et 133 comme hommes (41 %). 40 personnes interrogées (13 %) ont moins de 20 ans ; 166 (52 %) ont entre 20 et 60 ans et 113 (35 %) ont plus de 60 ans. 8 La chaire universitaire Noz Breizh est un consortium de chercheurs articulé autour de programmes de recherche portant sur la temporalité nocturne et structuré en trois axes : sociétal, technologique, environnemental et comportant un quatrième volet intitulé « Transpositions territoriales ». URL : https://www.univ-brest.fr/chaire-noz-breizh/fr 9 Dans le cadre du projet de recherche « Noz Num : marcher en ville la nuit », labelisé par la MSHB 2021-2023, nous avons réalisé quatorze entretiens semi directifs avec des femmes habitant à Brest et pratiquant la ville la nuit, que ce soit tôt le matin ou tard la nuit, en dehors des activités de loisirs nocturnes. URL : https://www.mshb.fr/projet/noz-num
41 Rencontres nationales de la marche en ville - Reims, 9 et 10 novembre 2023 - Actes des journées
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