Actes des rencontres de la marche en ville 2023

2/ LA MARCHE EN VILLE LA NUIT À L’AUNE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : ENTRE ENJEUX SOCIÉTAUX ET ÉCOLOGIQUES Edna Hernández González, Maîtresse de Conférence à l’université de Bretagne occidentale, chaire Noz Breizh La marche en ville est aujourd’hui un enjeu majeur au sein des politiques de la ville et plus particulièrement en ce qui concerne les transitions énergétiques et environnementales. Cependant, il existe un angle mort au sein des politiques de mobilités piétonnes, à savoir la marche en temporalité nocturne. Pour assurer le bon déroulement des activités anthropiques nocturnes, dans le cadre du travail ou des loisirs, il est nécessaire d’avoir recours à l’utilisation de la lumière artificielle, tout en sachant que l’excès de celle-ci a un impact négatif sur la santé des individus mais aussi sur celle des milieux naturels (Zielinska-Dabkowska et al., 2023 ; Sordello, 2017 et 2018 ; Challéat et Lapostolle, 2014). En France, plusieurs villes et villages ont déjà expérimenté la diminution, voire l’extinction de l’éclairage urbain, tandis que d’autres ont lancé des initiatives de mise en place d’outils de gestion (Schémas Directeurs d’Aménagement Lumière). Cependant, force est de constater que la mise en place de telles mesures liées en partie à l’économie d’énergie, n’implique pas une adhésion de facto de la part de la population, notamment dans un tissu urbain dense. En effet, la perception de la diminution ou de l’extinction de la lumière artificielle est fortement liée au sentiment de sécurité que l’on peut éprouver lors des déplacements de nuit, car elle a un effet immédiat dans le quotidien. Ces mesures de diminution de l’éclairage nocturne peuvent être ainsi considérées comme « injustes », car elles mettraient en danger certains groupes de la population (les femmes étant le groupe de population le plus souvent cité). Enjeux de la marche en ville la nuit : l’exemple brestois Les politiques autour des déplacements actifs et plus particulièrement de la marche en ville dans le contexte brestois montrent une évolution positive depuis presque une dizaine d’années. Cependant, à l’image d’autres villes, la marche en ville a encore du mal à être appréhendée dans toute sa complexité et à trouver une véritable place comme moyen de déplacement nécessitant des aménagements spécifiques (espaces de pause, infrastructures en bon état, lisibilité et accessibilité). A ce contexte s’ajoutent des politiques de sobriété en termes d’éclairage public. Si l’on prend le cas de l’hypercentre de la ville de Brest, une politique de diminution du flux lumineux a été mise en place depuis 2019. Les premiers résultats des enquêtes réalisées 7 au sein de la chaire universitaire Noz Breizh 8 nous permettent de constater que la mesure d’extinction de l’éclairage public ne pose pas trop de problèmes dans des quartiers résidentiels objets de cette politique. Toutefois, quand on interroge les résidents sur ce qu’ils pensent de l’extinction de l’éclairage public dans leur quartier, plusieurs thèmes émergent : ils soulignent tout d’abord l’aspect économique de la mesure, puis celui écologique et pointent en dernier lieu le sentiment d’insécurité que cela génère.

40 Rencontres nationales de la marche en ville - Reims, 9 et 10 novembre 2023 - Actes des journées

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