Actes des rencontres de la marche en ville 2023

Pour une écologie du piéton Anne Botlan, autrice des livres « Sur les chemins de la ville » et « marcher dans la ville »

Marcher, c’est ressentir un lien entre soi et son environnement. Physiquement d’abord : rebondir sur le sol, inspirer et expirer, passer du chaud au froid ou de l’obscurité à la lumière. Marcher, c’est se sentir vivant. C’est être là en revenant à l’activité la plus simple et la plus archaïque. Pourtant, marcher dans sa ville n’est pas toujours allé de soi. Il faut attendre la construction des trottoirs et le percement des boulevards pour que le piéton sorte dans sa ville. Mais si prévoir des voies où l’on peut marcher sans problème est indispensable, cela ne suffit pas. Le piéton n’est pas qu’un être rationnel désirant emprunter le chemin le plus court et le plus dénué d’embûches entre un point A et un point B. Dès qu’il se retrouve sur ses deux pieds, le piéton redécouvre sa liberté : il aime transgresser, comme l’enfant qui fait l’école buissonnière ou le flâneur qui déambule où bon lui semble. Le piéton est curieux et part à la découverte. Il s’amuse quand il voit une scène inattendue ou saugrenue. Il s’émeut quand il croise une mère et son enfant qui se tiennent par la main, ou quand il entrevoit un rideau ou une silhouette derrière une fenêtre. Il s’étonne, pense et rêve… Le piéton se raconte des histoires… Alors, une fois la ville aménagée à la circulation à pied, le piéton s’est mué en flâneur…Les poètes nous ont emmenés sur les trottoirs de la ville. Monsieur ou Madame Tout-le-Monde sont devenus des promeneurs du dimanche et des piétons du quotidien. Pourtant, le piéton, s’est encore une fois fait rare dans la cité : Avait-on oublié que, sans chemin ouvert sur la vie de la ville, son activité, ses habitants, le piéton s’ennuie, qu’il dépérit ? Que, pour s’y sentir dans son élément, il a besoin de familiarité avec sa ville, qu’elle lui parle, qu’elle lui renvoie des images qui fassent écho à sa vie quotidienne de citadin. Il a failli s’éteindre dans une ville devenue fonctionnelle à outrance, privilégiant le déplacement utile et rapide. Voilà maintenant que le piéton sort à nouveau de sa tanière. Il se rebiffe contre cette situation. Les confinements lui ont fait franchir le pas. Mais il n’est plus tout à fait le même. Il a changé avec son mode de vie et ses aspirations. Il n’est plus uniquement flâneur ou seulement utilitariste.

L’amour grandissant de la nature nous a donné envie de retrouver la verdure dans la ville. La croissance tentaculaire des cités nous a rapprochés du quartier. Les brassages sans fin des transports déshumanisés nous font désirer la convivialité des terrasses et des rencontres. Si nous continuons à vouloir nous déplacer facilement, nous aspirons aussi au calme et à la lenteur d’un homme qui marche. D’un homme libre qui circule comme bon lui semble, sans chemin obligé et sans frontière. D’un habitant des villes, en baskets et sac à dos, qui est aussi à l’aise dans la rue que chez lui, pour se balader, faire une course ou partir travailler. En un mot, nous voulons nous sentir chez nous dans notre ville… C’est notre vie quotidienne, cherchant l’harmonie avec son environnement, qui est en jeu. Favoriser la marche en ville, c’est favoriser, souvent par de petites choses, cette osmose entre la ville et le piéton, créer les conditions favorables pour que le citadin qu’il est devenu ait envie de la parcourir, comme on parcourt son territoire. C’est être à l’écoute de ce que sont les habitants des villes à une époque donnée, à leur sensibilité et à leur mode de vie, et leur offrir l’environnement propice à leur épanouissement. C’est tout simplement permettre au piéton de prospérer dans son milieu. C’est penser et développer une « écologie du piéton ». Lassée des contraintes insensées de la vie de citadine active, elle décide de se lancer sur les « chemins » de sa ville, à pied. Sa ville est Paris. Elle y marche pour aller travailler et mener ses activités quotidiennes. Elle part explorer les rues de son quartier, les quatre coins de la cité ou la banlieue. Ce sont ses impressions et ses découvertes qu’elle nous livre : le sentiment de liberté, le plaisir de ressentir son corps, l’impression de se retrouver et de retrouver les autres. Elle adresse aussi un message aux lecteurs : « Prenez la peine de redécouvrir ce plaisir ancestral qu’est la marche, et redonnez-lui une place dans votre vie quotidienne. L’essentiel c’est d’abord de partir, d’essayer. Ensuite, il suffit d’écouter vos envies. Et en suivant votre route, vous y trouverez, j’en suis sûre, vos surprises, vos joies et vos merveilles. A chacun les siennes, à chacun son chemin… Il y en a partout. » Anne Botlan est une femme ordinaire de notre époque, cadre dans de grandes banques pendant plus de trente ans, mère de famille, citoyenne. Elle cherche juste à rester pleinement humaine et comblée par les moments de joie qui surviennent dans les activités les plus simples. Il suffit de s’ouvrir à eux pour qu’ils arrivent comme des cadeaux… C’est pour partager son expérience de la marche urbaine et permettre à d’autres de la vivre qu’elle s’est mise à écrire. Illustration de couverture : © Depositphotos.com Sur les chemins de la ville

Anne Botlan

Sur les chemins de la ville

Anne Botlan Sur les chemins de la ville R écit

ISBN : 978-2-38417-611-3 21,50 €

9 782384 176113

Sur les chemins de la ville, Anne botlan, 2022

19 Rencontres nationales de la marche en ville - Reims, 9 et 10 novembre 2023 - Actes des journées

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