Passion Rando 58 - La Guadeloupe
NORD GRANDE-TERRE RANDO 1
La puissance de l’Atlantique
Au départ de la baie du Moule, une remontée du littoral sauvage du Nord Grande-Terre. Ici point de plage de rêve, mais de grandes dalles de calcaire battues par la houle, une forêt sèche coiffée par le vent et des falaises dignes de la lointaine Normandie.
GUADELOUPE
L a baie du Moule. C’était, pa- raît-il, LA plage où il fallait venir en Guadeloupe dans les années 1980. Protégée par son profil très entrant, la petite anse offrait une véritable piscine d’eau de mer, chose rare sur ce littoral battu par les alizés. Un avantage devenu inconvénient depuis qu’une digue est venue gêner l’évacuation de l’eau turbide issue de la mangrove voisine. Ajoutez à cela le trafic routier qui lui passe dans le dos, et la magie du lieu s’évapore un peu plus encore. Le sentier se glisse entre les maisons d’un paisible quartier, puis rejoint une savane où un bœuf tout en muscles rumine le temps qui passe. Derrière un rideau d’arbustes se dévoilent les grandes dalles calcaires rongées par la mer. À l’assaut des bosses et des creux La transition est nette. À l’opposé des paradis balnéaires qu’évoque la Guade- loupe, cette côte est aussi rugueuse que la houle atlantique. Nous nous glissons entre les buissons coiffés par les alizés pour rejoindre une étendue enherbée
impeccable comme un terrain de golf. Au loin se dessinent les falaises du nord de l’île. Entre nous et elles, une série de bosses et de creux que la balade consiste à chevaucher. À chaque montée, la vue plonge sur la baie du Moule. À chaque descente, les immenses parois calcaires se rapprochent un peu plus. Les points hauts sont marqués par une forêt sèche typique de cette Grande-Terre que la pluie délaisse parfois de longs mois durant. On y retrouve le gommier rouge, le latanier ou encore le « ti baume », arbuste à l’odeur entêtante parmi les incontournables de la pharmacopée créole. Chaque redescente nous ramène vers cette frange arbustive en lutte permanente avec les éléments. Raisiniers bord de mer et autres caniques dominent ici un plant d’indigo, là des lianes de patate bord de mer qui égayent le sol sablonneux de leurs belles fleurs violettes. À l’approche de l’Anse Maurice, une plaque marque l’emplacement d’un cimetière d’esclaves, sépultures clandes- tines de ceux qui n’avaient pas droit à un enterrement. Puis vient la plage, l’une des rares de ce côté de l’île avec son restau- rant –une petite institution dit-on.
Ci-dessus, sur le sentier littoral entre le Moule et Bois Baron. En vignettes, de gauche à droite : la baie du Nord- Ouest au Moule, une fleur de bois couleuvre et un plant d’indigo.
44 PASSION RANDO HIVER 2021
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