Actes des Assises de la marche en ville - Marseille sept 2021
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Morphogenèse urbaine périphérique et gouvernance des voies au XX e siècle Les voies de desserte, et bon nombre de voies secondaires, pour beaucoup fermées aujourd’hui, ont été produites, pour la plupart, par des aménageurs privés, à l’occasion d’opérations immobilières en périphérie, la Collectivité se contentant, dans le meilleur des cas, d’imposer des tracés. Bien que des campagnes de classement, classiques pour une ville de cette taille, aient été menées tout au long du XX e siècle, la municipalité n’a que très partiellement intégré les anciennes voies privées dans son domaine. Le défaut de planification, le recours massif aux aménageurs privés dans la « fabrique urbaine », l’absence de régulation a posteriori… expliquent l’héritage d’une importante trame de voirie privée pléthorique (près de 28 % du linéaire total). Le transfert de la compétence voirie à la communauté urbaine MPM en 2000 ne permet pas, loin s’en faut, une « remise à plat » du statut des voies et une politique concertée d’intégration des voies privées d’intérêt public. Cette situation héritée mais jamais remise en question, servira de terreau à la dynamique d’enclosure. Les impacts de la fermeture résidentielle Le développement rapide de la fermeture résidentielle au tournant des années 2000 impose un profond bouleversement dans la vie de nombreux quartiers au contact direct de l’hypercentre. L’accès à l’école, aux arrêts de bus… devient par endroit un périple, une situation qui conforte le « tout-voiture » et contribue à faire des périphéries marseillaises une somme d’espaces globalement hostiles aux modes actifs. La fermeture remet en question les usages de la ville et les « urbanités », comme en témoignent les nombreux conflits liés à la fermeture résidentielle, apparus ces dernières années. Les détours récurrents questionnent la pertinence de certaines politiques publiques, notamment celles liées à la définition de nouvelles lignes de transport en commun, à forte empreinte territoriale. Le détour est fonction de la situation géographique et des acteurs concernés. Il y a donc des « bénéficiaires » (généralement les propriétaires) de la fermeture, et d’autres qui en subissent les conséquences (usagers, riverains…), accentuant par endroit les inégalités. La voie, la rue, apparaît comme un enjeu, soumis à une concurrence d’usages, alors même qu’elle est souvent considérée comme un « espace public » naturel. Cette situation questionne au passage la notion « d’habiter », plus que jamais centrale à l’heure où l’on recherche des villes plus durables et plus « vivables ».
Julien DARIO - jdario@maregionsud.fr
PREMIÈRES ASSISES DE LA MARCHE EN VILLE Marseille, 17 setembre 2021 - Actes de la journée
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